Cyberintimidation: comment déceler les signes et aider son ado?

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La cyberintimidation, un phénomène en hausse chez les jeunes, peut avoir des répercussions dévastatrices sur la vie des ados qui en sont victimes. Découvrez comment reconnaître les signes que votre ado en est touché.e et comment l’accompagner.

 

En collaboration avec PAUSE.

À retenir

👉 La cyberintimidation est une forme d'intimidation en ligne persistante qui peut passer inaperçue, rendant la vigilance parentale essentielle pour identifier les signes chez les adolescents.

👉 Écoutez votre ado avec calme et ouverture, soutenez-le.la dans la recherche de solutions et, si nécessaire, conservez les preuves et signalez la situation aux autorités compétentes.

 

 

 

 

Qu’est-ce que la cyberintimidation?

La cyberintimidation est un phénomène de plus en plus présent chez les jeunes. Elle se manifeste par des comportements hostiles, répétés et intentionnels qui se produisent en ligne, que ce soit par texto, sur les réseaux sociaux, dans les jeux vidéo ou sur des forums.

 

Elle peut prendre plusieurs formes: messages haineux ou menaçants, vol d’identité, piratage de compte, diffusion de photos ou vidéos humiliantes, ou encore création de contenus pour nuire à quelqu’un. Son objectif, conscient ou non, est de blesser, humilier ou menacer une personne.

Effet boule de neige 

Comme il s’agit de contenus en ligne, ni la victime ni l’auteur.rice n’ont réellement le contrôle sur la situation, ce qui rend difficile de prévoir l’évolution ou les conséquences des gestes posés.

 

Par exemple, lorsqu’un.e jeune publie une image en ligne, celle-ci peut être enregistrée ou une capture d’écran peut être faite par d’autres personnes et réutilisée plus tard. Même si l’image est retirée par le.la jeune peu après sa mise en ligne, les dommages ont été faits.

La permanence et l’impression d’anonymat

Autrefois, le phénomène d’intimidation était circonscrit à l’école, ou sur le chemin du retour à la maison :  l’intimidation cessait lorsque le.la jeune rentrait enfin chez lui ou chez elle. Or, ce n’est plus le cas lorsqu’il s’agit de cyberintimidation. Un.e jeune peut se faire intimider jusque dans sa chambre à coucher, et ce, à toute heure du jour ou de la nuit.

Le sentiment d’anonymat et de protection qu’offre l’écran peut amener certain·es jeunes à poser des gestes de cyberintimidation, en se sentant à l’abri des conséquences. Comme la réaction de l’autre personne n’est pas visible, celui ou celle qui intimide en ligne est encore moins conscient·e des effets de ses actions.

 

C’est ce que l’on qualifie d’effet-écran. En ce sens, il n’est donc pas surprenant de constater que:

 

  • 14% des élèves du secondaire ont déclaré avoir subi de la cyberintimidation dans les 12 derniers mois*.

  • Les jeunes de 12 à 17 ans ont davantage rapporté avoir subi de la cyberintimidation que les personnes des autres groupes d’âge*.

Les manifestations de la cyberintimidation

Un·e jeune victime de cyberintimidation ne se confiera pas toujours spontanément à ses parents par peur, honte ou malaise. Il est donc essentiel pour le parent de rester attentif aux changements dans le comportement, l’humeur ou les activités en ligne, qui pourraient révéler qu’iel vit une telle situation.

 

Par exemple, l’ado pourrait :

 

  • Refuser d’utiliser l’ordinateur.

  • Montrer des signes de nervosité apparents lorsqu’iel l’utilise.

  • Refuser d’aller à l’école ou s’absenter régulièrement de ses cours.

  • S’isoler ou avoir très peu d’ami.e.s.

     

Ces signes pourraient cependant également être le symptôme d’un tout autre malaise (peine d’amour, conflit entre ami.e.s, problème de consommation, etc.) qui pourrait aussi mériter votre attention, mais pas les mêmes discussions ou interventions.

 

 

💡Besoin d'aide pour y voir plus clair? N'hésitez pas à contacter l'équipe de Tel-jeunes Parents.

 

Comment intervenir si mon jeune vit de la cyberintimidation?

Dans le cas où votre ado vous avoue être victime de cyberintimidation, il importe de:

 

  • Demeurer calme.

  • Prendre le temps de le. la remercier de la confiance qu’iel vous témoigne.

  • D’éviter de réagir trop vivement à cette nouvelle en culpabilisant votre enfant car iel ne vous en a pas parlé plus tôt, ou encore en lui retirant l’accès à Internet. Même si l’intimidation se fait en ligne, les écrans demeurent une part importante de sa vie sociale, car c’est là qu’iel peut échanger avec ses ami.e.s. Le.la priver d’accès pourrait, au contraire, accentuer son isolement.

  • D’adopter une attitude d’ouverture s’avère rassurant pour le.la jeune qui craint une intervention démesurée de la part de ses parents. Par exemple, le parent pourrait écouter son.sa jeune lui raconter son histoire et lui demander: «Comment te sens-tu? Comment souhaites-tu que je t’aide? Que crois-tu que tu devrais faire dans la situation?» L’ado sentira ainsi que son parent le.la soutient, le.la responsabilise, l’écoute, sans le.la juger et surtout sans agir à sa place. Même s’iel  aura peut-être besoin d’être accompagné.e dans les cas plus sérieux de cyberintimidation.

     

Évaluer la situation

La solution ne passe pas nécessairement par une dénonciation, mais plutôt par le fait d’outiller le.la jeune sur les réactions possibles lorsqu’iel est victime de cyberintimidation. Dans certaines situations, iel peut se questionner sur l’importance qu’iel accorde aux messages reçus.

Par exemple, si une personne l’insulte sur une plateforme de clavardage, pourrait-iel choisir d’ignorer les messages, de quitter l’environnement s’iel ne se sent plus à l’aise, ou encore de bloquer la personne?

 

La personne qui intimide cherche habituellement à provoquer une réaction ou à démontrer qu’elle a du pouvoir. Si le.la jeune quitte l’espace numérique concerné, cette personne conserve-t-elle vraiment ce pouvoir? Cependant, si la sécurité du ou de la jeune est menacée, par exemple en cas de menaces explicites, il est essentiel de signaler la situation aux autorités compétentes ainsi qu’aux plateformes utilisées.

Conserver les preuves

Si certains courriels ou certains messages existent encore, c’est important de les imprimer ou de les sauvegarder en faisant par exemple une capture d’écran. Même chose pour les messages audio. Ne pas les effacer pourra vous être utile si vous décidez de faire un signalement à la police ou d’entreprendre une démarche civile. De cette façon, vous vous assurez de conserver des preuves, puisque l’auteur.trice de cyberintimidation peut effacer les contenus à tout moment.

Dénoncer la situation de cyberintimidation

  • D’abord, plusieurs sites Internet sont munis de mécanismes permettant aux utilisateur.rice.sde dénoncer certaines situations d’abus. Le parent peut donc naviguer sur le site pour découvrir ces mécanismes, visiter la rubrique d’aide ou tenter de joindre les responsables du site pour en savoir davantage à ce sujet. Lorsque nos connaissances en informatique sont plus limitées, il ne faut pas hésiter à demander l’aide.

     

  • Contacter les autorités si la situation le nécessite. À ce moment, celles-ci sauront vous dire si elles peuvent retenir la plainte et intenter des actions.

     

  • Toute situation de cyberintimidation peut également être rapportée à l’école. Bien que l’intimidation se soit déroulée à l’extérieur de ses murs, l’école reste dans l’obligation de fournir un milieu sécuritaire à ses élèves. Dans l’éventualité où le.la jeune craint de retourner à l’école puisqu’iel a été victime de cyberintimidation de la part d’un.e autre élève, l’école doit agir et s’impliquer dans la résolution de la situation.

     

  • Si l’intimidation se fait par texto, il est possible de contacter le fournisseur de téléphonie cellulaire pour vérifier auprès de lui ce qu’il peut faire dans une telle situation (bloquer le numéro, changer de numéro, etc.).

     

     

Quelques ressources: CyberaideAidezMoiSVP

 

Accompagner son jeune et faire un suivi

En conclusion, il faut garder à l’esprit que la cyberintimidation peut avoir marqué notre jeune, que son estime de soi a pu en être grandement affectée. Pour cette raison, nous devons demeurer très présents auprès de lui.d’elle, surtout après la dénonciation du geste d’intimidation.

 

Le rôle du parent est alors de soutenir son ado dans la réalisation de défis comme celui de reprendre confiance en lui.elle, de s’affirmer, de se tourner vers ses ami.e.s ou de s’en faire de nouveaux.nouvelles.

 

Si la situation le requiert ou si le.la jeune le demande, , nous pouvons aussi nous assurer que notre jeune bénéficie d’un suivi avec un.e professionnel.le (p. ex.: psychologue, travailleur.euse sociale, psychoéducateur.rice ), qu’il s’agisse d’une ressource présente à l’école ou extérieure à celle-ci.

 

 *Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2022-2023.