L'écoanxiété
Si votre jeune souffre d’écoanxiété, il existe de nombreuses ressources pour vous permettre de l’accompagner. Nous pouvons comprendre cette forme d’anxiété propre à la période de l’adolescence et ses effets sur son jeune, en apprenant notamment à discerner le stress normal de l’écoanxiété et en en décelant les symptômes.
Qu’est-ce que l’écoanxiété?
L’écoanxiété, qu’on appelle aussi solastalgie, est une crainte importante et une appréhension des changements perçus comme irréversibles de l'environnement. Il s’agit donc d’une grande inquiétude liée au sort de la planète et aux enjeux environnementaux actuels.
Comme cette forme d’anxiété est assez récente, il existe encore peu de données scientifiques pour mesurer l’ampleur du phénomène et peu de statistiques pour connaître le nombre de personnes qui en souffrent. Toutefois, il semble que les générations Y et Z (jeunes de 35 ans et moins) seraient davantage touchées par l’écoanxiété.
Les effets de l’écoanxiété sur les jeunes
Bien que les personnes plus âgées puissent également s’inquiéter du sort de l’environnement et des impacts sur leur santé ou leur vie, les jeunes sont plus nombreux à se décrire comme écoanxieux, et ce, parce que les enjeux environnementaux auront possiblement plus de conséquences sur leur vie et sur celle de leurs enfants dans le futur. Les enjeux climatiques incitent même certains jeunes à remettre en question leurs ambitions et leurs rêves, par exemple, le désir d’avoir des enfants ou d’autres projets d’avenir.
Cette attitude est propre à la période de l’adolescence: les jeunes définissent leurs valeurs, ont besoin de s’affirmer pour les exprimer. Parfois, ils peuvent même voir soit tout en noir, soit tout en blanc… c’est en vieillissant que leurs opinions se solidifieront ou se nuanceront.
Stress normal ou écoanxiété?
Comme toute autre forme d’anxiété, à petite dose, l’écoanxiété peut avoir comme effet de nous faire réagir, de nous mobiliser ou de nous protéger contre les situations dangereuses. Une anxiété excessive et omniprésente peut toutefois être nocive pour une personne et lui faire vivre une détresse importante.
Il serait donc faux de coller l’étiquette d’écoanxieux à un jeune qui se dit préoccupé par les enjeux environnementaux et ses conséquences. Toutefois, un jeune qui entretient des pensées négatives récurrentes, qui vit une détresse associée à certaines nouvelles climatiques ou qui présente tout autre symptôme d’anxiété en général, en faisant le lien avec ses préoccupations liées aux bouleversements environnementaux, pourrait vivre de l’écoanxiété.
Symptômes de l’écoanxiété
L’écoanxiété n’est pas encore reconnue comme un diagnostic. Toutefois, les personnes qui la vivent décrivent des symptômes bien précis qui sont comparables à toute autre forme d’anxiété.
- Attaques de panique, angoisse
- Humeurs changeantes
- Pensées obsessives
- Perte d’appétit
- Insomnie
Spécifiquement en lien avec l’environnement, ils pourraient se manifester de cette façon:
- Des peurs chroniques ou excessives par rapport aux catastrophes naturelles
- L’appréhension d’un désastre environnemental qui crée une détresse significative
- Un grand sentiment de désespoir face à l’avenir
- Le développement de pensées obsessives et récurrentes sur tout ce qui est lié à l’environnement
Cela peut également d’accompagner d’une perte de confiance dans la lutte contre les changements climatiques, d’un grand sentiment d’impuissance, de culpabilité ou de tristesse.
Si l’écoanxiété devient paralysante ou souffrante pour le jeune, il peut être pertinent de consulter une professionnelle ou un professionnel de la santé, par exemple, une intervenante ou un intervenant, ou une ou un psychologue.
Accompagner son jeune qui vit de l’écoanxiété
Doser les informations perturbantes
Les bouleversements climatiques font maintenant partie de notre quotidien dans les médias. Les informations de sources fiables et scientifiques peuvent favoriser l’émergence des prises de conscience face à la gravité de la situation. Par contre, s’alimenter seulement de ce genre de nouvelles ou en consommer même lorsqu’elles créent de l’anxiété peut être nuisible pour certaines personnes. Il peut donc être utile de faire attention aux effets que ce genre de nouvelles produit sur nous ou sur notre jeune. Il est également possible d’inviter notre jeune à se questionner sur l’effet de cette grande charge d’informations sur son moral.
S’engager socialement
Utiliser ses craintes comme un moteur pour agir et s’engager socialement peut aider à transformer l’anxiété en actions concrètes. Cela peut donner au jeune du pouvoir sur la situation, le sentiment d’être utile et de participer à un mouvement collectif. De plus, s’engager socialement dans des mouvements (p. ex: groupes de sensibilisation, manifestations) permet de se retrouver avec des personnes qui ont les mêmes préoccupations que soi. Les jeunes peuvent donc se réunir, ne pas rester seuls avec leurs inquiétudes, et agir ensemble.
Vivre davantage en accord avec ses valeurs
Au-delà de l’engagement social, les petits gestes du quotidien qui permettent aux jeunes de vivre en accord avec leurs valeurs peuvent être bénéfiques. Par exemple, certains jeunes vont agir en faisant du recyclage, du compost, en s’intéressant au mode de vie zéro déchet, en mangeant moins de viande ou en effectuant tout autre geste par lequel ils affirment leurs valeurs et agissent concrètement en réponse aux enjeux climatiques.
Apprendre à gérer l’incertitude
Les enjeux climatiques sont si grands qu’ils ne permettent pas de se sentir totalement en contrôle de la situation. C’est tout à fait normal et c’est pour cette raison qu’il faut apprendre à gérer et à tolérer l’incertitude. Cela s’apprend en se centrant sur le moment présent et sur les actions concrètes qu’il est possible de poser, selon la réalité de chacun. Toutefois, comme dans n’importe quelle autre situation, il est impossible de contrôler l’avenir.
Reconnaître les moments difficiles
Afin de bien cibler les moments où les inquiétudes liées aux bouleversements climatiques prennent le plus de place, on peut tenter d’analyser les signaux que notre corps et notre tête nous envoient. Par exemple, on peut suggérer à notre jeune de repérer les instants où les pensées environnementales sont plus intenses ou plus présentes. Cela permet de cibler certains éléments ou certaines situations qui n’aident pas, et ainsi de les diminuer ou de les éliminer. À l’inverse, on peut aussi aider notre jeune à cibler les moments où il se sent bien, par exemple lorsqu’il agit pour l’environnement.